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La poésie et les cinq sens en classe de 5ème

Jeudi 4 février 2010. Le CDI du collège François Furet est déjà rempli de lumière. Les chaises sont installées en rond. Nous nous retrouvons pour une seconde séance poésie avec les mêmes élèves de 5ème que la dernière fois.

Après un bref rappel de ce que nous avions partagé en décembre, je leur annonce que nous attendons un artiste peintre et enseignant de dessin qui a participé à l’aventure du billet-poème : Charles Fulgéras.

« A noir, E blanc I rouge, U vert, O bleu : Voyelles »…nous parlerons aujourd’hui du pouvoir évocateur des mots, des liens entre la poésie et les autres territoires de création artistique : la musique, et surtout la peinture et le dessin.

Recevoir la poésie avec le corps

L’enseignante trouve les bons termes pour que les collégiens rentrent dans le sujet. Elle leur demande comment on reçoit la poésie. Est-ce que l’on reçoit la poésie avec la tête ou avec le cœur ? Avec le cœur ! Avec le corps ! Avec les cinq sens…c’est unanime et nous voilà lancés sur le bon chemin !

Lecture des Correspondances de Charles Baudelaire « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Un autre Charles nous rejoint, Charles Fulgéras, dont quelques œuvres de la série « Aube » de Rimbaud sont exposés à la vue de tous depuis le début de l’heure.

Oeuvre originale de Charles FULGERAS

Nous sommes au cœur du sujet.

Le mot, matière brute du poème. La tache, matière brute du peintre.

Le mot et l’assemblage des mots entre eux, le rythme des vers, les lignes de fuite, les respirations aussi…tous ces éléments nous permettent d’établir le parallèle avec la tache, l’organisation des taches qui composent l’œuvre picturale, les saccades, les lignes de partage, la circulation de l’œil, tous ces éléments qui construisent une composition. Nous reprenons le monotype réalisé pour « Aube » de Rimbaud, et le billet-poème de « Mes deux filles » de Victor HUGO.

Texte intégral accompagné d'une seconde composition originale de Charles FULGERAS

Et cette composition, comme le poème, devient un tout, une unité, un ensemble fini. Et comme dans le poème, certaines saccades de l’œuvre nous transportent en apnée, puis on respire, comme une boule de billard, l’œil rebondit, la parole elle aussi gagne en rythme.

Les élèves veulent comprendre, et l’image de la tache, comme une tache sur leur chemise, l’image de la boule de billard, comme l’œil qui circule, les aide à acquérir des clefs de lecture universelles…qui les invite à partir à la découverte des tableaux des maîtres.

L’échelle monumentale de l’oeuvre

Nous abordons enfin les notions d’échelle monumentale, de profondeur. La composition du tableau, comme celle du poème, est à la fois un ensemble fini, mais aussi une composition qui offre une échelle monumentale. C’est à dire que l’on peut imaginer l’œuvre en taille immense, et peut imaginer aussi que l’on rentre à l’intérieur. Charles Fulgéras leur suggère de penser à une photo de la Notre Dame de Paris, et une photo de la Tour Montparnasse. Dans un cas, on a l’échelle monumentale de la cathédrale que l’on peut imaginer immense à partir de sa reproduction, dans l’autre, la Tour reproduite à la taille d’un téléphone portable ne porte pas à imaginer une échelle monumentale.

Nous terminons sur la lecture de ‘La terre est bleue comme une orange’ de Paul ELUARD. Images fortes des guêpes qui fleurissent ‘vert’, liberté de l’aube qui se passe ‘autour du cou’.

Je félicite les élèves qui ont lu des textes, je reconnais avec eux que l’exercice n’est pas facile car on ne leur apprend pas à utiliser leur corps, à respirer et maîtriser leur voix.

Les élèves repartent avec le billet-poème de « Mes deux filles » que nous avons lu pendant l’heure. Toujours cette idée de conserver une trace, d’avoir un objet anodin qui rappelle la possibilité à tous moments d’aller vers la poésie.

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