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Du « mieux-être » au détriment d’un « plus avoir » !

Accompagner les mutations en marche vers une sobriété heureuse.

Le billet-poème veut aussi être un « passeur » dans le changement de modèle de société en marche. Il veut symboliquement accompagner l’évolution vers un mieux-être, au détriment d’un plus avoir.

S’il est d’abord et avant tout à prendre au premier degré, c’est à dire un poème dans la poche, un poème proche et accessible, il représente aussi une certaine forme de résistance au ‘tout argent’. Sa meilleure chance pour réussir est d’être à la fois totalement anodin et terriblement symbolique, mais cela a été dit. (voir aussi M.Clouscard dans les notes de lectures)

Poème inédit de Max Alhau accompagné d'une oeuvre  originale de Danièle Brussot

Car enfin, si nous ne voulons pas vivre une décroissance subie, qui nous rendra totalement désemparés, il nous faut trouver une nouvelle forme de développement, centrée sur l’humain et sur l’être. C’est un défi pour toute la génération aux commandes actuellement, qui demandera une remise en cause profonde des rapports sociaux au niveau collectif, où l’intérêt général devra l’emporter sur l’intérêt de corporations, de groupes de pression, etc… Une vaste entreprise, une entreprise possible parce souhaitable !

Ré enchanter par la croissance des valeurs de l’être

Selon moi, une certaine forme de décroissance économique pour nos pays développés, sur les critères de mesure qui sont les nôtres depuis si longtemps (le PIB notamment), est inéluctable. Les pays émergents, les nouvelles puissances comme la Chine ou l’Inde sont vouées à un développement beaucoup plus rapide sur les critères purement quantitatifs, pour la simple raison que leurs besoins en équipement, y compris en infrastructures de base, sont immenses et pour des populations qui sont d’une toute autre échelle. S’ajoutent à cela les limites en ressources de notre environnement qui sont une terrible réalité que nous n’avons jamais voulu envisager sérieusement.

Nos pays vieillissants, qui ne disposent même pas d’une dynamique démographique, et qui ont vécu au dessus de leurs moyens pendant des années – au moins une génération –, ont déjà des infrastructures matures. Ils ne peuvent retrouver une croissance économique similaire aux trente glorieuses sur la base unique du PIB. Nous devons donc évoluer, opérer un changement de paradigme, propre à redonner des perspectives de croissance durable à la société, sur la base de nouveaux critères, orientés vers l’être et le bien-être.  Des perspectives essentielles pour que chaque cellule individuelle, familiale, puisse avoir des projets, se pro-jeter. Car enfin réfléchissons un peu…l’augmentation continue d’absorption d’anti-dépresseurs et d’anxiolytiques n’est-elle pas en grande partie liée à l’absence de perspectives ? Peut-on accepter la règle du « toujours plus » dans ce domaine de la médication ?

Ethique, intégrité …morale

Le risque social est aussi à mes yeux une opportunité sociale majeure. Il trouve en partie ses fondements dans un manque cruel d’éthique, d’intégrité, d’engagement et même de morale. Il est toujours dangereux d’écrire ce mot de morale dans un monde qui préfère le concept de ‘politiquement correct’.

Et pourtant, il est devenu insupportable de constater que le ‘politiquement correct’ alimente une pensée unique essentiellement amorale et qui devient la norme bien pensante sous l’égide de laquelle on peut commettre des actes aux conséquences sociales désastreuses. C’est le cas notamment de la spéculation financière, qui n’est pas illégale, que l’on déclare inhérente à la mondialisation, et qui pourtant indirectement mais indubitablement provoque des ravages sociaux et des morts humaines.

Trop de dirigeants, trop de financiers font abstraction de toute morale et de toute éthique dans leur spéculation mortifère. Par le jeu de la cooptation consanguine, certains individus osent trouver normal, même justifié de ‘valoir’ 1.000 ou même 10.000 personnes, en terme de rémunération par exemple. Il n’y a plus aucune retenue dans l’indécence de certaines élites parce qu’il n’y a plus de contre pouvoir politique, et aussi parce que ceux qui pratiquent la spéculation n’ont pas reçu de formation en éthique, et n’ont finalement pas les moyens de constater les dégâts en chaîne qu’ils provoquent.  Isolés dans leur bulle, ils sont déconnectés de toute réalité, du moins de toute réalité sociale. Et pourtant ce sont ces hommes et ces femmes qui demain pourraient être poursuivis comme bouc-émissaires au Tribunal Pénal International pour crimes contre l’humanité !!!

…et bon sens

Même si les éléments de ce raisonnement restent superficiels, il n’empêche qu’il ne faut pas laisser se développer ces situations de plus en plus nombreuses où l’on se demande si le bon sens existe ! Un certain retour à la régulation, la formation des élites en éthique, le développement des logiques coopératives, de systèmes ouverts et contributifs nourris de l’intelligence collective, deviennent des choix de bon sens qu’il faut encourager. La complexité d’un monde globalisé, qui ‘tourne’ sur la base d’une interdépendance de tous les groupes humains réunis par un même destin, a besoin de cette intelligence collective. Tous les experts détiennent une parcelle de la ‘vérité’ bien trop infime pour qu’ils puissent continuer à être écoutés comme des sages, et les sages ne sont probablement pas là où on les cherche.

Pour nos pays, en ce sens, le risque majeur devient un risque social, contre lequel la prévention est totalement insuffisante. La baisse d’intérêt pour la chose politique (taux d’abstention aux élections), la perte de confiance dans les élites, justifiée à bien des égards, sont des données inquiétantes. Il faut prendre soin, comme nous y invite le philosophe Bernard Stiegler, il faut investir sur ce qui nourrit l’esprit et l’attention à l’autre, il faut préserver et développer des outils de transformation de l’énergie pulsionnelle et libidinale en énergie sociale.

Mais qui dit risque majeur dit aussi aussi opportunité majeure. C’est donc là qu’il faut construire du nouveau, et avant de construire , il faut accompagner la transition vers de nouveaux modèles.

C’est exactement cet accompagnement symbolique que propose le billet-poème, en ne souhaitant que de tout cœur que d’autres initiatives similaires voient le jour, dans le domaine du langage ou d’autres domaines de la création et de la pensée. Sur le « pourquoi » du choix de la poésie, je me suis expliqué dans un article précédent (voir article).

La rencontre régulière avec le poème, c’est une expérience concrète de cette vigilance d’utilité publique, car les poètes sont des vigies, des balises, de VI-GI-LANTS ! En laissant le texte et l’œuvre picturale faire leur chemin en nous, en ayant le poème dans la poche, accessible, proche, nous nous mettons en position d’élever notre conscience universelle, donc notre conscience de l’autre…et en l’offrant à l’autre, nous participons à une prise de conscience qui  peut devenir collective.

Prendre soin, accompagner, éveiller la conscience individuelle pour créer de nouvelles dynamiques collectives.

Les évolutions comparées dans des économies mondialisées expliquent en partie la bonne volonté de nos dirigeants occidentaux, au moins en apparence, pour considérer de nouveaux indicateurs de richesse. Des commissions d’experts sont nommées, ici et là, pour réfléchir à des indicateurs prenant en compte tous les aspects de la vie sociale, et du bien-vivre, et même du bien-être. Des prix Nobel comme Joseph STIGLITZ viennent réfléchir jusqu’en France pour le gouvernement, sur ces nouvelles voies pour évaluer la bonne santé d’un pays. Mais où sont les actes concrets issus de ces réflexions trop vite enfermées dans des dossiers confiés à la bureaucratie.

Joseph Stiglitz

Joseph Stiglitz

En réalité, ces études, ces commissions d’experts  son utiles essentiellement pour les dirigeants eux mêmes, pour leur donner des outils qui les aideront à changer, à leur niveau, de système de pensée. Pas facile ! Pas gagné !  Mais cela ouvre des chemins pour que la rencontre avec les citoyens reste possible.

L’énergie viendra d’en bas

Pour cette mutation en cours, qui est une mutation axiale vers un nouveau mode de fonctionnement social, écologique et économique, je suis convaincu que c’est d’en bas que va venir l’énergie pour le changement. C’est  à dire de l’individu, de l’intelligence de chacun.  Et ce moteur dégagera une énergie telle que les dirigeants devront suivre cette REVOLUTION !

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